Outre le besoin physiologique, la faim peut se décliner de bien des manières. Elle est multiple, elle est plurielle.
Qu’est-ce qui peut dès lors bien pousser un individu à manger ?
Visitons ensemble la galerie des « faims »…
L’horloge dans le ventre :
« Il est l’heure de manger » et… on se dit qu’on s’enfilerait bien un petit quelque chose !
Il s’agit d’un parfait conditionnement basé sur une affaire d’horaire. Comme si c’était le regard posé sur la montre qui donnait faim. Bon clairement, le physiologique a peu son mot à dire là-dedans. Notre société joue sans doute un rôle important en la matière : au travail comme à la maison, les heures de table sont en général prédéfinies !
Ce qui est amusant, c’est que si l’on est absorbé par une tâche au point de zapper un repas, la faim s’éteindra pour ne revenir qu’à la prochaine tranche horaire prévue !
Le stockage d’hiver (et son corolaire : le déstockage de printemps)
Qui ne s’est jamais surpris à manger plus quand les mois d’hiver arrivent à la porte ?
Non seulement on consomme davantage mais également plus gras. On se comporte comme si on allait devoir hiberner au pôle nord. Pourtant, nos installations modernes de chauffage et le réchauffement climatique ne justifient plus vraiment un tel comportement. On peut donc supposer qu’il s’agit d’un héritage bien ancien, enraciné au plus profond de nos gènes.
L’impact visuel du volume servi
D’autres encore, ont été habitués à ce qu’on leur serve une bonne assiette, bien volumineuse. Si on leur met une petite portion, la simple vue de ce plat leur donnera l’impression qu’ils n’auront pas assez et qu’ils auront encore faim.
Comme si pour être satisfait, il fallait nécessairement avoir une montagne d’aliments devant les yeux. Je ne parle pas ici d’une éventuelle distension de l’estomac mais bien d’un repère purement visuel. L’apprentissage exerce ici une fonction essentielle : à force de vouloir que l’enfant vide son assiette et ne quitte pas la table sans avoir fini, l’individu n’arrive plus à repérer ses signes de satiété. Idéalement, l’éducation devrait se faire autour de petites portions, quitte à laisser l’enfant se resservir s’il a encore faim.
Effet miroir :
Vous avez sans doute déjà entendu parler des neurones miroirs ?
Dans le cas de la nourriture, le principe est simple : on salive devant une pub avec un bon plat, on salive en voyant quelqu’un se faire un bon gueuleton et on est tenté de faire pareil !
Les faims souvenirs
Elaborées à partir de souvenirs antérieurs, c’est un peu la « Madeleine de Proust ».
Telle odeur de poulet rôti nous rappelle un séjour à la côte dans notre enfance…et voilà qu’on a faim ! Des bruits de casseroles peuvent évoquer des repas chez la grand-mère et hop, la salivation se met en route…Et bien sûr, on se laisse porter par le plaisir ! Inutile de dire que là aussi, il n’y a pas grand chose de physiologique.
La publicité a bien compris ce mécanisme et recrée ces ambiances particulières dans leurs scénarios. Au-delà de l’aliment, nous reconnectons avec de beaux souvenirs.
L’éveil des sens
Ici ce sont tous les sens qui peuvent se mettre à danser : une délicieuse odeur venant titiller nos narines, une assiette merveilleusement colorée et attrayante, une lumière tamisée, une musique en bruit de fond…et branle bas de combat : on se ferait bien une bonne petite dégustation !
L’appétence chimique
Bien des industries alimentaires ont saisi qu’elles pouvaient pousser les gens à manger par l’adjuvant de certaines substances. Ces produits chimiques ont l’art d’ouvrir l’appétit et de nous amener à reprendre une portion ! A noter que les cigarettiers ont fait pareil en rajoutant d’autres composants au tabac…Le but est simple : augmenter la « dépendance ».
Un besoin oral
Freud serait ravi qu’on en parle encore 🙂 !
Notre langue, nos lèvres, sont des aires particulièrement innervées et donc très vite stimulables. Dans ce cas de figure, on a besoin de mettre la région de la bouche en mouvement, de mobiliser les mâchoires, de remuer la langue, de déglutir bref on a besoin d’activer au maximum la zone dite « orale ». Peut-être une nostalgie issue de la vie intra utérine ou de la tétée…
L’effet d’entraînement
Ah le vivre ensemble, le manger ensemble…et souvent le boire ensemble !
On suit le groupe et son rythme. Plutôt que d’écouter son univers, on se laisse porter par celui des autres. On veut aussi faire honneur à la maîtresse de maison et on se sent obligé d’accepter une rappasse alors que l’estomac n’en peut plus. Entre nos signaux internes et l’élan du moment social, le choix est malheureusement vite fait : la meute l’emporte. L’alcool consommé y a aussi son effet en bloquant tous les signaux de satiété !
Bon, ben….disons qu’il vous faudra 2 jours pour vous en remettre 🙂
Ce type de comportement a un côté grégaire : la loi de la tribu passe avant la loi individuelle 🙂
Le besoin d’avoir un estomac bien rempli !
Evidemment cela engendre un cercle vicieux puisque plus l’estomac est distendu plus on aura l’impression d’avoir faim et de devoir manger. Manger est ici en lien avec un vide interne qu’un sentiment de « trop plein » va venir apaiser.
Là aussi l’éducation peut influer : Laissons nos enfants écouter leur rythme, évitons de remplir trop leurs assiettes. Laissons-les simplement avoir eu le plaisir de manger sans pour autant les entraîner à avoir le plaisir du trop plein.
Le manque de micronutriments, minéraux, vitamines
Comme si le corps, manquant de certains éléments essentiels à son bon fonctionnement, poussait la personne à l’hyperphagie espérant ainsi trouver ce qui lui fait défaut. Seul hic, ce que nous allons consommer n’apportera pas nécessairement cette valeur nutritionnelle ! Nous nous retrouvons ainsi avec toutes ces calories ingérées et un corps toujours déficient de ces éléments.
Des faims d’ogre :
Les individus tenaillés par ce type de faim se comportent comme s’ils devaient s’approprier un maximum de nourriture. Ces gros mangeurs sont plutôt bruyants, envahissants, exubérants et toujours prêts à occuper un maximum de place partout où ils vont. Souvent, on trouve chez eux un manquement majeur dans l’apprentissage des limites sociales.
Les faims de moineaux
La faim est souvent présente, la nourriture occupe beaucoup de place dans leurs conversations et pourtant ils picorent laborieusement leur assiette, font des tris et sont rarement satisfaits. Ils ont du mal à s’abandonner au plaisir de manger et ils ont tout autant de mal à ne pas « penser bouffe ». Ils ne sont pas pour autant dans l’anorexie.
La faim des émotions
Ainsi, une colère, une peur, une angoisse mal gérée, mal vécue…engendre le besoin de manger. L’apprentissage contribue aussi à ce mécanisme : combien de bonbons ou petits gâteaux n’ont ils pas été offerts pour consoler un enfant qui pleure ou qui a peur ? L’association est vite faite : manger a pour fonction d’apaiser, de calmer.
On mange pour combler ou compenser des sentiments parasites. On doit mordre sur quelque chose ou colmater un état émotionnel qui essaie d’émerger.
Les faims sans fin
La faim des émotions peut parfois conduire aux troubles du comportement alimentaire telles que la boulimie et l’hyperphagie : tout est alors bon sauf le vide…
(Voir article sur la boulimie et sur l’hyperphagie)
Et qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
Commencez par vous observer avec bienveillance et par repérer vos propres types de faim. Faites une sorte d’état des lieux de vos comportements et voyez sur quels points vous pouvez agir. Dans tous les cas, prenez votre temps à table, portez votre attention sur toutes les sensations agréables, percevez les différentes textures, les senteurs et saveurs diverses…autant d’éléments qui vous aideront à ressentir un sentiment de satiété et de plénitude bien plus vite qu’auparavant. Evitez autant que possible les plats industriels, redécouvrez l’art de cuisiner des produits frais. Rien qu’avec ces deux principes, vous entendrez déjà mieux les vrais signaux que vous lance votre corps 🙂
Sur ce…bon appétit et une délicieuse semaine !
Et laissez un petit commentaire 🙂
Florence,
Pour potentialiser votre bien-être et vous aider à devenir la meilleure version de vous-même !